InfoResources News No 1 /
06 (Mars 2006)
Article de fond
> Des produits durables
: une chance pour les petits paysans
Politique
> Lueur d'espoir pour les paysans éthiopiens
> Menace
sur les services des écosystèmes et bien-être humain
dans sept pays africains
> Décentralisation de la gestion
des forêts : qu'en est-il ?
> La connexion de
la société de l'information et du développement
durable
> Législation
d'aménagement forestier pour l'Europe et l'Asie du Nord
Mise en oeuvre
> Une meilleure
récolte de riz avec un investissement moindre ?
> Le paiement direct
– une nouvelle solution pour la coopération au
développement
> Promouvoir l'approche
genre et le savoir indigène
> Apprendre à
gérer la dynamique des conflits par le jeu
Opinion d'expert
> Gérer la
demande en eau dans le secteur informel
Article de
fond
Des produits durables : une chance pour les petits paysans
Par
produits durables, on entend des produits dont la production et la commercialisation
ont un impact social, écologique et économique plus positif
ou moins négatif que les produits conventionnels. Le marché
pour de tels produits est actuellement encore en forte expansion. De
nombreux consommateurs préfèrent les produits certifiés
durables car ils y voient des bénéfices en termes de santé,
de protection de l'environnement et aussi de goût. Alors que dans
les pays en développement les produits durables ne trouvent encore
que peu de débouchés, dans les pays émergents la
situation pourrait changer très vite.
A première vue, il semblerait que les paysans des pays en développement
ont tout intérêt à s'engager dans la production
biologique, notamment parce qu'ils disposent d'une nombreuse main d'œuvre
bon marché, un atout pour ce type de production. En outre, l'agriculture
traditionnelle pratiquée par la plupart des petits paysans ne
diffère que peu de l'agriculture biologique. Mais plusieurs désavantages
contrebalancent ces avantages comparatifs. Premièrement, au contraire
de ce qui se passe dans les pays industrialisés, l'agriculture
biologique n'est généralement pas subventionnée
dans les pays en développement. Deuxièmement, les coûts
fixes pour la certification de produits iologiques sont élevés.Troisièmement,
l'accès aux marchés preneurs et les informations sur ces
marchés, de même que (jusqu'à ce jour) l'existence
d'un marché intérieur font défaut. Des initiatives
visant à encourager la production durable ont été
lancées aux niveaux national et international
dans le but d'améliorer la situation.
De nombreux pays en développement pratiquent aujourd'hui déjà
l'agriculture biologique. Deux études du Fonds international
pour le développement agricole (IFAD), en Amérique latine
et en Asie, ont examiné l'apport potentiel de l'agriculture biologique
à la réduction de la pauvreté. Il s'est avéré
qu'en passant de la production conventionnelle à la production
biologique, les paysans ont pu systématiquement améliorer
leur revenu. Selon leur situation initiale, ils ont pu réduire
leurs coûts de production ou augmenter leurs récoltes.
En plus, ils ont profité de prix plus élevés pour
leurs produits biologiques.
Les études de l'IFAD ont aussi relevé des effets positifs
en termes de protection de la nature, même si les travaux de recherche
correspondants sont rares pour l'instant. Avec la production biologique,
le nombre d'espèces animales et végétales augmente,
la fertilité du sol s'améliore et la consommation d'eau
diminue. C'est ainsi que la production biologique a permis d'obtenir
d'excellents résultats dans des contextes agro-écologiques
précarisés.
L'agriculture biologique peut donc contribuer à réduire
la pauvreté. Elle permet d'augmenter les revenus et de réduire
les risques grâce à une plus grande stabilité écologique.
Sans compter qu'elle contribue à diversifier la production agricole.
Cela dit, réussir le passage à la production biologique
n'est pas aisé. Les paysans ont besoin de conseils sur les techniques
de culture, d'informations sur les marchés et de compétences
en marketing. Finalement, ils sont le plus souvent tributaires d'une
aide financière pendant la phase de transition qui dure environ
trois ans.
L'évaluation d'un programme de coton biologique soutenu par la
Suisse au Mali, au Kirghizistan et au Burkina Faso arrive à des
conclusions similaires. Les auteurs soulignent tout spécialement
– comme les études de l'IFAD – l'importance d'associations de
producteurs fortes. Dans le cadre de telles associations, les paysans
pourraient s'organiser et coordonner la commercialisation de leurs produits
de manière professionnelle, échanger leurs expériences
et assurer le contrôle de la qualité.
L'agriculture biologique est incontestablement un instrument utile pour
la réduction de la pauvreté. Pourtant, si un grand nombre
de paysans s'y met et que l'offre croît plus vite que la demande,
l'avantage des prix s'amenuisera rapidement.
Sources:
> Challenging preconceptions about trade in sustainable
products. Towards win-win-win for developing countries. Nicola Borregaard
and Annie Dufey. International Institute for Environment and Development
(IIED), November 2005. www.iied.org/pubs/pdf/full/15500IIED.pdf
> Organic Agriculture and Poverty Reduction in Asia: China and India
Focus. International Fund for Agricultural Development (IFAD), July
2005. 137 p.
The Adoption of Organic Agriculture Among Small Farmers in Latin America
and the Caribbean. IFAD, April 2003. 106 p.
www.ifad.org/evaluation/public_html/eksyst/doc/thematic/organic/
index.htm
> Evaluation Externe du Programme Coton Biologique Mali, Kirghizistan
et Burkina Faso / 2005. Mandat du Secrétariat d'Etat à
l'économie (seco) présenté par Joseph Guntern et
Christof Dietler. Octobre 2005. 22 p.
www.helvetas.ch/global/pdf/media/medienmitteilungen/
2005_11_30_Evaluation_Helvetas.pdf
Information supplémentaire:
> Impact de la culture biologique du coton sur les sources de revenus
des petits agriculteurs. Résultats du projet Maikaal bioRe en
Inde centrale. Frank Eyhorn, Paul Mäder, Mahesh Ramakrishnan. Institut
de recherche de l'agriculture biologique (FiBL), Octobre 2005. 75 p.
Résumé: www.fibl.org/english/cooperation/projects/documents/resume.pdf
> Organic Cotton Production and Trade Promotion Project by Helvetas/seco
in Kyrgyzstan: www.swisscoop.kg/biocotton
Politique
Lueur d'espoir pour les paysans éthiopiens
Les hautes terres éthiopiennes sont prises dans un cercle vicieux
d'insécurité alimentaire et de dégradation écologique.
De fréquentes périodes de sécheresse, la dégradation
des sols et la croissance démographique font que le pays dépend
toujours davantage d'importations de nourriture. Des chercheurs de l'International
Food Policy Research Institute (IFPRI) ont élaboré des
stratégies de développement pour améliorer la situation
des ménages et de l'environnement à l'aide d'un modèle
bioéconomique qui tient compte d'une multiplicité de facteurs
biophysiques et socio-économiques.
Il est ressorti des modèles de calcul que la plantation d'arbres
et des programmes « travail contre nourriture » promettent
les résultats les plus positifs pour la conservation du sol.
Ces mesures peuvent augmenter les revenus des ménages, tout en
favorisant une exploitation plus durable des sols. Par contre, l'octroi
de crédits pour l'achat de fertilisants ou la promotion de possibilités
de revenus annexes ne sont des mesures utiles que si elles sont couplées
à des activités de conservation des ressources naturelles.
Le modèle peut être transposé à d'autres
régions, pour autant que celles-ci disposent des données
nécessaires à l'analyse.
Source: Policy Analysis for Sustainable
Land Management and Food Security in Ethiopia. A Bioeconomic Model with
Market Imperfections. Stein Holden, Bekele Shiferaw, John Pender. Research
Report 140. International Food Policy Research Institute (IFPRI), 2005.
45 p.
www.ifpri.org/pubs/abstract/140/rr140.pdf
Menace sur les services des écosystèmes et bien-être humain
dans sept pays africains
Les changements des écosystèmes et leurs services ont
une influence déterminante sur le niveau de pauvreté :
tel est le constat des auteurs du rapport approfondi de synthèse
de l'Evaluation des écosystèmes pour le Millénaire
(MEA).
Une étude de la littérature sur les services des écosystèmes
en Ouganda s'est servie du cadre MEA.
Après un rapide survol de la géographie physique et humaine
de l'Ouganda, les auteurs présentent les principaux services
des écosystèmes menacés et les éléments
correspondants du bien-être humain, en indiquant les régions
concernées. Ensuite, ils mettent en relation les régions
où les services écologiques sont mis sous pression et
celles ou les éléments du bien-être sont menacés
et expliquent brièvement les principaux liens. La capacité
décroissante à nourrir convenablement la population, la
disparition des terres humides, la raréfaction des combustibles
et le potentiel de crise élevé concernant l'approvisionnement
en eau sont les principaux problèmes détectés.
Cette étude fait partie d'une série de sept, les six autres
portant sur la Tanzanie, le Rwanda, le Mozambique, la Mauritanie, le
Mali et le Kenya. A défaut d'être exhaustives, elles n'en
donnent pas moins des pistes utiles pour sélectionner des régions
prioritaires.
Source: Connecting poverty &
ecosystem services: Focus on Uganda. A series of seven country scoping
studies. Carissa Wong, Marlene Roy, Dr. Anantha Kumar Duraiappah. UNEP,
IISD 2005. 36 p.
www.iisd.org/pdf/2005/economics_poverty_uganda.pdf
Toutes les études de pays sont disponibles sur le site Internet
de l'IISD : www.iisd.org/economics
Décentralisation de la gestion des forêts :
qu'en est-il ?
Dans
de nombreux pays, des efforts ont été réalisés
durant ces deux dernières décennies pour décentraliser
la gestion des forêts. On attendait de ce processus une plus grande
implication des populations locales, un gain de crédibilité
et davantage de démocratie dans la gestion des forêts.
En réalité, la décentralisation n'est pas la panacée
et n'induit pas forcément plus d'équité et d'efficience.
Au contraire, elle a souvent déclenché des conflits lorsque
des flous dans la législation ou au niveau administratif exacerbaient
des tensions latentes entre individus ou groupes d'intérêt
rivaux.
Pour que la décentralisation ait des résultats positifs
en termes de réduction de la pauvreté et de gestion durable
des forêts, plusieurs conditions doivent être remplies.
Parmi les principaux facteurs de succès identifiés, mentionnons:
des droits fonciers clairement établis; une politique crédible
en matière fiscale, salariale et de taxation ; un accès
équitable aux ressources forestières ; des possibilités
de contrôler les prises de décision ; des droits commerciaux
et d'accès au marché ; une sensibilité à
l'égard des traditions culturelles et du savoir indigène.
En clair, la réussite d'un projet de décentralisation
dépend de conditions-cadre légales et politiques favorables
ainsi que de capacités institutionnelles élémentaires.
Elle dépend surtout de la capacité des parties prenantes
de négocier, en dépassant l'inégalité des
forces et la divergence des intérêts, et de résoudre
des conflits. Un tel processus prend du temps et doit être mis
en œuvre pas à pas pour permettre aux acteurs et aux institutions
de s'adapter et d'apprendre. C'est lorsqu'elle est soutenue en même
temps par la base et par les forces dirigeantes que la décentralisation
fonctionne le mieux.
Source:
Decentralization: Issues, Lessons and Reflections. Doris Capistrano
and Carol J. Pierce Colfer. In: The Politics of Decentralization – Forests
Power and People. pp. 297–313. The Earthscan Forestry Library, 2005.
La connexion de la société de l'information et du développement
durable
En 2003, une étude devait évaluer le potentiel d'engager
de jeunes chercheurs dans 6 pays, afin qu'ils y mettent en contact les
décideurs au niveau politique, les praticiens et les académiciens
des domaines de la société de l'information et du développement
durable.
L'ouvrage « A developing connection » en constitue la suite
par l'étude de cas où la démarche précitée
a été concrétisée. En Inde, les chercheurs
ont réuni des responsables de groupements de base ruraux pour
traiter de leurs besoins en technologie d'information et de communication
(TIC). Par exemple, sur la question de la gestion de l'eau, ces derniers
ont proposé d'y sensibiliser les enfants en milieu scolaire.
Ils ont aussi dit leur besoin d'une documentation systématique
sur les dimensions environnementales de la gestion de l'eau, et d'avoir
accès à la-dite information. Par ailleurs, ils se sont
exprimés quant au recours aux TIC concernant l'utilisation des
engrais, la déforestation et les désastres naturels.
Toutefois, dans un contexte de stratification sociale, comme le système
des castes, il n'est pas aisé que les décideurs considèrent
les propositions émises par la « base » et relayées
par les chercheurs.
Source: Capturing grassroots voices in
the information society and sustainable development. Anusha Lall, Atanu
Garai. In: A developing connection: Bridging the policy gap between
the information society and sustainable development. Ed. Terri Willard,
Maja Andjelkovic. IISD, 2005. pp.129–160. www.iisd.org/pdf/2005/networks_dev_connection.pdf
Législation d'aménagement forestier pour l'Europe et l'Asie
du Nord
A fin novembre 2005, à Saint-Pétersbourg, s'est tenue
la « Europe and North Asia Forest Law Enforcement and Governance
Ministerial Conference (ENA FLEG) ». Les termes de la Déclaration
Ministérielle, ainsi que la liste d'actions en vue de l'application
de la législation et de la
bonne gouvernance contre l'exploitation illicite de bois dans les forêts
d'Europe et d'Asie du Nord devaient y être finalisés.
En parallèle au processus ENA FLEG, des négociations intergouvernementales
se sont tenues entre la Société civile et l'Industrie
(CSID), dont l'objectif était d'arriver à une position
conjointe sur la Déclaration Ministérielle et le Plan
d'Action Indicatif.
La Déclaration Ministérielle a été adoptée
par les représentants des gouvernements de 43 pays et de la Commission
Européenne. Au plan national, les actions visent notamment la
révision de la législation, le développement institutionnel
et de capacités, ainsi que la diminution de la pauvreté.
Sur le plan international, les actions ont trait à la politique
forestière internationale, au commerce et aux marchandises, à
l'investigation, ainsi qu'à la collaboration dans la mise en
œuvre de ladite
Déclaration.
Sources:
> ENAFLEG website
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/
EXTARD/EXTFORESTS/0,,contentMDK:20636566~pagePK:
210058~piPK:210062~theSitePK:985785,00.html
> Europe and North Asia Forest Law Enforcement and
Governance Ministerial Conference (ENAFLEG). Summary
www.iisd.ca/download/pdf/sd/ymbvol110num5e.pdf
> St. Petersburg Declaration
www.delkaz.cec.eu.int/upload/download_files/
StPetersburgDeclarationEN.pdf
Mise en oeuvre
Une meilleure récolte de riz avec un investissement moindre
?
Selon un communiqué de presse de l'Institute of Science in
Society (ISIS), des paysans du sud du Népal ont testé
pendant trois ans une nouvelle méthode de riziculture «
low input », le System of Rice Intensification SRI. Grâce
à celle-ici, ils ont plus que doublé leur récolte
en utilisant beaucoup moins de plantons et d'eau qu'auparavant. La nouveauté
de cette méthode : les plantons sont repiqués non pas
après six semaines mais après deux semaines, non pas dans
des terres trempées mais dans des champs drainés, et de
manière plus espacée, ce qui a pour effet de renforcer
les racines.
Selon ISIS, les paysans sont toujours plus nombreux à se laisser
convaincre par le SRI, alors que les milieux scientifiques demeurent
réticents. Des centres de recherche comme l'International Rice
Research Institute (IRRI) continuent de miser sur une agriculture extensive
et sur la biotechnologie. L'ISIS en vient à se demander si l'IRRI
et le Consultative Group on International Agricultural Research (CGIAR)
axent vraiment leurs recherches et la valorisation des résultats
sur l'amélioration du niveau de vie des petits producteurs et
des consommateurs pauvres. L'ISIS appelle les établissements
de recherche à contribuer à libérer les paysans
de leur dépendance à l'égard de technologies agrochimiques,
à encourager l'agriculture durable, à préserver
l'environnement et à protéger la santé des paysans.
Les avis au sujet des résultats du Népal ne sont pas unanimes
: s'appuyant sur ses propres tests, l'IRRI met en doute l'efficacité
de la nouvelle méthode de riziculture « low input ».
Information:
Less is More for Nepali Rice. Press Release of Institute of Science
in Society (ISIS). 06.10.2005. www.i-sis.org.uk/LIMFNR.php
Pour plus d'information sur le SRI : http://ciifad.cornell.edu/sri/sripapers.html
Le paiement direct – une nouvelle solution pour la coopération au développement
Lors
du symposium « Santé déficiente, insécurité
alimentaire et pauvreté – Comment rompre un cercle vicieux ?
» organisé en octobre 2005 à Berne, un projet a
été présenté sur le thème des paiements
directs. Selon l'auteur, le paiement direct est le moyen le plus adapté
et le plus efficace pour venir en aide aux ménages très
pauvres, en admettant que ceux-ci savent le mieux comment engager le
plus utilement cet argent.
Cette hypothèse a été testée dans le sud
de la Zambie avec 1'000 ménages pauvres n'ayant que des possibilités
limitées de s'entraider. Ces ménages ont reçu en
moyenne 6 à 8 dollars par mois. Au terme d'une phase test de
5 mois, on a pu constater que 95% environ des bénéficiaires
correspondaient bien au groupe de population visé. L'argent a
été utilisé en priorité pour acheter du
maïs mais aussi des articles d'hygiène et des habits. Etonnamment,
quelques ménages ont même pu faire des économies.
Certains ont investi par exemple dans l'achat de poulets d'élevage,
et des ménages de personnes âgées ont engagé
une aide pour le travail des champs. Résultats : la mendicité
a diminué, les enfants sont allés plus régulièrement
à l'école et la situation alimentaire s'est améliorée.
Mais plusieurs facteurs font obstacle à une réalisation
à large échelle de ce projet, à commencer par la
nécessité de mettre en place un réseau serré
de points de paiement. Les paiements directs ne sont donc qu'une stratégie
parmi d'autres de l'Etat social.
Source: Pilot Social Cash Transfer Scheme
– Kalomo District, Zambia. Bernd Schubert. Humboldt University, Germany.
Presentation at the Symposium “Poor health, food insecurity and poverty
– How to break a vicious circle?” (Berne, Switzerland, 13 October 2005).
Slides (17 p.)
www.infoagrar.ch/symposium2005/pdf/presentation_schubert.pdf
Promouvoir l'approche genre et le savoir indigène
En maints endroits du globe, ce sont les populations indigènes,
et notamment les femmes indigènes, qui sont les acteurs de premier
plan dans l'équilibre des écosystèmes naturels.
Pourtant, dans le cas d'un projet de gestion des ressources naturelles,
les obstacles à la prise en compte d'aspects de genre et de savoir
indigène ne manquent pas.
Un guide, issu du réseau « Indigenous and gender aspects
in natural resource management (IGNARM) », se base sur un état
des lieux des expériences à l'intersection de ces trois
thèmes. Pour les praticiens du développement, il aborde
toutes les questions clés correspondant à chaque étape
du cycle d'un projet, de l'identification au suivi/évaluation.
Lors de l'analyse des législations existantes, du contact avec
les communautés et les institutions locales et de l'identification
de la population-cible du projet, il est primordial de considérer
les perspectives des hommes et des femmes, des indigènes et non-indigènes.
Au moment de la conception du projet, l'apport des femmes y est essentiel,
d'autant plus qu'il y est culturellement difficilement admis par les
hommes.
Enfin, identifier la relation culturelle que les indigènes, femmes
et hommes, ont avec les ressources naturelles, ainsi que les tâches
des unes et des autres, permet de mieux définir les objectifs
et activités du projet.
Source: Integrating indigenous and gender
aspects in natural
resource management: guidelines for practitioners. Elisabeth
Kiorboe… [et al.]. WWF, 2005. 48 p.
www.iucn.org/themes/spg/Files/DK%20IGNARM.pdf
Apprendre à gérer la dynamique des conflits par le jeu
Trois
familles vivent respectivement de la riziculture, de la culture maraîchère
et d'élevage ; toutes trois sont tributaires de l'eau du lac
voisin. Telle est la situation de départ du jeu de simulation
« Conflict Mitigation in Communities » (CONMICOM), développé
par le Centre pour le développement et l'environnement sur mandat
de la Direction du Développement et de la Coopération
(DDC). En cours de jeu, le besoin d'eau augmente à cause de l'accroissement
de la population et des nouvelles nécessités. L'approvisionnement
durable en eau est en péril et des conflits se dessinent. Les
familles vontelles collaborer ou entrer en concurrence ?
Les trois groupes de 3 à 5 joueurs ont diverses possibilités
d'action qui peuvent se résumer à ces quatre stratégies
:
- s'imposer,
- négocier et coopérer,
- mettre en place un système efficient d'exploitation de
l'eau et développer d'autres sources de revenu,
- attendre.
A l'aide de ce jeu, les joueurs apprennent à reconnaître
comment les conflits se développent, à discuter de mécanismes
de négociation et de solution, ainsi qu'à étudier
la situation par rapport à leur propre expérience. L'évaluation
des stratégies retenues est l'élément essentiel
de cet apprentissage qui peut promouvoir les compétences sociales,
de résolution de problèmes et de décision. Le jeu
convient comme module dans le cadre d'un cours de formation destiné
p. ex. à des collaboratrices et collaborateurs de projet.
Information: Les lectrices
et lecteurs qui s'intéressent à ce jeu peuvent contacter
Markus Reisle de la section Prévention et transformation des
conflits de la DDC : markus.reisle@deza.admin.ch
Pour plus d'informations sur les jeux éducatifs et de simulation
:
www.cde.unibe.ch/Tools/ALS_ProdServ_Ts.asp#sg
Personne de contact : Felicitas Bachmann, Centre for Development and
Environment, CDE : Felicitas.Bachmann@cde.unibe.ch
Opinion
d'expert
Gérer la demande en eau dans le secteur informel
Ces
dernières années, la priorité des interventions
dans le secteur de l'eau, surtout dans les régions rurales, est
passée progressivement de l'approvisionnement en fonction des
besoins vers une exploitation plus efficiente de la ressource «
eau ». Lors d'une conférence donnée à la
Direction du développement et de la coopération DDC et
de l'interview consécutive avec InfoResources, Tushaar Shah a
mis en évidence, comme problème névralgique, le
fait que le secteur de l'eau est en majeure partie organisé de
manière informelle dans les pays en développement. Or,
critique-t-il, les principaux instruments de l'Integrated Water Resources
Management IWRM (comme les prix de l'eau, les permis, les réglementations)
présupposent un secteur formel. Pour lui, l'exploitation durable
de l'eau dans une économie informelle appelle les réflexions
et changements suivants :
- Des politiques de gestion de l'eau qui se justifiaient par le passé
doivent être adaptées aux réalités actuelles.
Pour cela, il faut avoir une compréhension approfondie de l'économie
nationale des eaux.
- La gestion des ressources aquatiques ne doit pas restée
confinée dans une réflexion sectorielle mais englober
toute la dynamique du développement.
- Le développement des infrastructures et des services dans
le secteur de l'eau doit demeurer une tâche primordiale des
gouvernements des pays peu développés.
- Les personnes directement concernées doivent être
impliquées systématiquement dans la planification des
interventions.
- La « technification », p. ex. l'irrigation goutte-à-goutte,
contribue à une exploitation rationnelle de l'eau.
- Les méthodes de culture doivent à nouveau être
davantage adaptées aux conditions climatiques et les innovations
dans ce domaine encouragées.
Il demeure indispensable de créer des possibilités de
revenu en dehors de l'agriculture, surtout pour les couches de population
pauvres, afin de réduire la pression sur l'agriculture, et partant,
sur la ressource « eau ».
Source: Interview
et présentation intégrales (en anglais) 10p., 59
KB
Voir aussi: SDC's new Water strategy: Water 2015: Policy
Principles and Strategic Guidelines for Integrated Water Resource Management.
Swiss Agency for Development and Cooperation. 2005.
http://162.23.39.120/dezaweb/ressources/resource_en_25138.pdf
Version abrégée en français: Eau 2015. Principes
de base et lignes directrices.
http://162.23.39.120/dezaweb/ressources/resource_fr_25139.pdf
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