InfoResources News No 2 /
05 (Avril 2005)
Article de fond
> Interview avec
Dennis Garrity, Directeur Général de l’ICRAF
D'intérêt courant
Politique
> La faim dans le monde – comment continuer
?
> Le commerce des produits agricoles creuse
l’écart entre riches et pauvres
Mise en oeuvre
> Faire de la recherche ensemble, mais comment
?
> L’équité, une condition à la gestion des
forêts tropicales
> Le partage du pouvoir : la cogestion des
ressources naturelles
> Les écosystèmes doivent devenir un élément
intrinsèque de
l’infrastructure hydrique
> La responsabilité de la politique locale
face au changement climatique
Recherche
> Quelles sont les chances des ménages
de se remettre de
catastrophes environnementales
?
> Plantes génétiquement modifiées dans les
pays en développement
> Burkina Faso : augmenter la production
agricole pour le marché
indigène
Interview avec Dennis Garrity, Directeur Général de l’ICRAF
L’ICRAF,
le Centre mondial d’Agroforesterie, basé au Kenya, est le groupe
de recherche le plus important du Groupe consultatif de la recherche
internationale sur l’agriculture (CGIAR) dans le domaine de la mitigation
de la déforestation tropicale, de la dégradation du sol
et de la pauvreté rurale par le biais de systèmes agroforestiers
améliorés. L’agroforesterie est un système de gestion
écologique des ressources naturelles qui, par la plantation d’arbres
sur les terres arables et de pâture, met l’accent sur la diversification
et le soutien à la production dans l’intérêt de
tous les exploitants à tous les niveaux. Une rencontre d’InfoResources
avec le directeur général de l’ICRAF a été
l’occasion de parler des expériences de ce centre et d’une éventuelle
coopération avec la Direction suisse du développement
et de la coopération (DDC).
InfoResources
: Depuis des années déjà, l’ICRAF s’est penché
sur des alternatives à la culture sur brûlis et nous partons
de l’idée que différentes solutions ont été
testées. Que pouvez-vous nous dire des « meilleures pratiques
» ?
DG : Les « meilleures pratiques »
dépendent localement de la situation et des systèmes d’exploitation
du sol et varient très fortement d’une région à
l’autre. Il est capital de comprendre les processus de décision
des ménages pour faciliter la mise en œuvre de meilleures stratégies
et de solutions adaptées aux conditions locales. En fait, beaucoup
dépend de personnes-clés au niveau local, qui seraient
susceptibles de jouer les avocats des « meilleures pratiques ».
D’où l’importance primordiale d’identifier ces personnes, et
de les aider à promouvoir une meilleure utilisation des lisières
forestières.
Parmi les facteurs de succès dans le domaine en question, il
faut mentionner une préparation soigneuse, une bonne dose de
patience et du réalisme. Cela dit, nous sommes tous encore à
la recherche de meilleurs modèles. A mon avis, celui des Projets
Intégrés de Conservation et Développement (ICDP)
n’est pas aussi mauvais que certains veulent bien le dire. Le problème
est que cette approche a souvent été mal utilisée
: certaines agences ne respectaient pas les bonnes pratiques ICDP dans
leurs processus internes, ce qui a fait échouer inutilement maints
projets.
De notre activité aux Philippines, nous avons pu dégager
des leçons utiles. L’ICRAF a travaillé à proximité
d’un parc national où la culture sur brûlis échappait
au contrôle et prenait de l’ampleur (près de 300 incursions
par année). Pour remédier à cette situation, nous
avons proposé diverses mesures techniques, cherché à
exploiter de nouveaux débouchés commerciaux avec la population
indigène (bois, fruits) et soutenu le développement d’un
cadre institutionnel local pour protéger le parc à l’aide
d’un mouvement local de protection de l’environnement. La collaboration
entre les communautés villageoises vivant en lisière du
parc, les gestionnaires du parc et le gouvernement municipal a permis
de renverser la situation. En quelques années, les cultures sauvages
sur brûlis ont pu être réduites de plus de 95 pour
cent. L’approche intégrative, avec des mesures techniques, institutionnelles
et politiques, a été la clé du succès. Désormais,
les groupes villageois de protection de l’environnement aident à
protéger le parc et ont prouvé qu’ils étaient capables
de limiter à un niveau insignifiant la culture sur brûlis
dans cette réserve précieuse en termes de biodiversité.
InfoResources
: Quel pourrait être l’avantage pour la DDC de collaborer avec
le CGIAR ? Quelles perspectives entrevoyez-vous pour cette coopération
?
DG : La recherche est un élément
crucial pour aider l’agriculture des pays en développement à
jouer un rôle moteur dans la croissance économique et la
diminution de la pauvreté. Les Centres CG travaillent ensemble
avec leurs partenaires nationaux pour définir des innovations
clés susceptibles d’aider les populations rurales pauvres à
améliorer leurs conditions de vie grâce à une agriculture
plus productive. Il existe une immense palette de nouvelles solutions,
issues de la recherche scientifique, qui pourraient soutenir l’intensification
et la diversification, que ce soit au niveau des cultures vivrières,
de l’arboriculture ou de l’élevage. L’agroforesterie en est une,
essentielle. Des activités R&D et des efforts permanents
de développement des capacités sont cruciaux d’une part
pour développer des systèmes adaptés et adaptables,
d’autre part pour diffuser plus largement les innovations qui font leurs
preuves.
La recherche doit avoir un impact sur des millions d’exploitations agricoles.
L’ICRAF travaille actuellement à l’analyse et la valorisation
à plus large échelle des résultats scientifiques
et des investissements correspondants. Les discussions actuelles entre
la DDC et l’ICRAF se concentrent sur l’Afrique, plus spécialement
sur les endroits névralgiques où la faim menace et où
une révolution verte est urgente. Une première étape
serait de développer des partenariats afin de déterminer
les options les plus prometteuses pour améliorer la productivité
et soutenir la gestion des ressources naturelles dans ces endroits.
En travaillant ensemble, l’ICRAF et la DDC peuvent favoriser ces processus.
Plusieurs développements positifs ont actuellement lieu en Afrique.
Si le mouvement amorcé se renforce et s’accélère,
l’amélioration des conditions de vie pourrait rapidement s’étendre
à de nombreuses régions rurales du continent.
Ouvrages proposés sur le sujet:
> Agroforestry and the achievement of the millenium development
goals. D.P. Garrity. In: Agroforestry Systems, vol. 61, (2004), p. 5–17
> The contribution of agroforestry systems to reducing farmers’
dependence on the resources of adjacent national parks: a case
study from Sumatra, Indonesia. D.P. Garrity… [et al.]. In: Agroforestry
Systems, vol. 52, (2001), p. 171–184

D'intérêt
courant: Politique
La faim dans le monde – comment continuer ?
Près de 854 millions de personnes (14% de la population mondiale)
sont chroniquement ou gravement sous-alimentées ; c’est le continent
asiatique qui compte le plus grand nombre de personnes touchées
par la faim alors que dans la région subsaharienne leur part
est supérieure à 30% et le nombre absolu est en hausse.
Voilà ce qu’on peut lire en substance dans le rapport de la Hunger
Task Force du projet onusien pour le millénaire. Ce groupe
de travail a été institué en 2002 pour établir
comment réaliser l’objectif du millénaire de réduire
de moitié la faim dans le monde d’ici à 2015. Les auteurs
commencent par dresser un bilan détaillé de la situation
avant de formuler un certain nombre de revendications, plus spécialement
sur le plan politique, ainsi que dans les domaines de la gestion des
ressources, de la production et de la santé. Si ce bilan n’apporte
guère de nouvelles connaissances, il n’en donne pas moins une
vue d’ensemble sur les causalités de la pauvreté sous
l’angle politique. Le constat est clair : pour être efficace,
la lutte contre la faim dans le monde doit pouvoir s’appuyer sur un
commerce équitable et un environnement sain. Il est primordial
aussi que la population pauvre ait accès à la terre, aux
semences, au savoir et aux crédits. Ainsi, la thématique
de la faim et de la pauvreté, jusqu’ici trop souvent et trop
volontiers déléguée aux organisations de développement,
reçoit enfin l’indispensable attention politique qu’elle mérite.
Elle figure désormais en première place dans l’agenda
de l’ONU et de l’OMC et occupe également une place importante
au sommet du G8 et au Forum économique mondial de Davos. Toutefois,
la question du financement à court terme de mesures urgentes
demeure ouverte.
Source: Halving hunger: it can be done,
Achieving the Millennium Development Goals. Summary version. Auteurs
: Pedro Sánchez, M.S. Swaminathan, Philip Dobie, Nalan Yuksel.
2005. 34 p.
www.unmilleniumproject.org/reports/reports2.htm
(on trouvera également à cette adresse les rapports des
autres groupes de travail du projet
« Millénaire »)
Le commerce des produits agricoles creuse l’écart entre
riches et pauvres
Les pays en développement, à commencer par les plus démunis,
sont confrontés à des conditions toujours plus difficiles
sur les marchés agricoles internationaux. D’abord, les prix de
nombreux produits agricoles traditionnels tendent à baisser à
long terme et fluctuent fortement à court terme. Ensuite, la
production d’aliments non traditionnels ou transformés, financièrement
plus intéressante, est entravée par les problèmes
structurels internes de ces pays et par les droits de douane élevés
des Etats industrialisés. Un grand nombre de pays en développement
en sont même réduits à importer toujours plus de
produits alimentaires. Enfin, les producteurs se trouvent face à
des acheteurs de plus en plus grands (consortiums, supermarchés)
mais dont le nombre est en diminution. Les petits paysans justement
peinent à satisfaire les exigences quant aux quantités,
à la qualité ou aux délais de livraison de ces
consortiums.
Outre de nombreuses données chiffrées, cette étude
contient diverses recommandations. Il faudrait inciter les pays en développement
à adapter la production d’exportation aux exigences actuelles,
améliorer la production pour le marché indigène
et soutenir les efforts dans ce sens. Il faudrait aussi mettre en place
des systèmes d’assurance contre des pertes inattendues de revenu,
aux niveaux de la production ou des prix, améliorer la coopération
entre petits producteurs et mener campagne pour stimuler la demande
de produits tropicaux. Finalement, les Etats industrialisés devraient
ouvrir plus largement leurs marchés aux produits agricoles de
ces pays.
Source:
> The State of Agricultural Commodity Markets 2004. FAO 2004.
55 p.
www.fao.org/docrep/007/y5419e/y5419e00.htm

D'intérêt
courant: Mise en oeuvre
Faire de la recherche ensemble, mais comment ?
Les
partenariats nord-sud pour la recherche ont pour but de mettre au jour
de nouvelles connaissances mais aussi de promouvoir les échanges
et l’apprentissage communs afin de favoriser l’élargissement
des compétences tant au sud qu’au nord. Parmi les aspects positifs
de ces partenariats, mentionnons la plus grande visibilité et
attractivité de la recherche menée dans les pays du sud,
un meilleur accès aux informations et aux nouveaux champs de
recherche, et la sortie de l’isolement scientifique. Mais ces partenariats
recèlent également des aspects négatifs, p. ex.
lorsque le nord considère le sud comme un laboratoire de recherche
ou qu’il s’arroge une position dominante sous prétexte de sa
supériorité financière et scientifique.
Pour qu’un partenariat de recherche soit efficace, il faut que les protagonistes
travaillent ensemble au niveau de la planification déjà
et refléchissent en commun sur les méthodes à développer,
sur le partage des fonctions et des rôles, et finalement sur le
mode et la forme de la répartition des gains du projet. La présente
publication décrit dix facteurs susceptibles d’influencer favorablement
un partenariat de recherche, p. ex. des plateformes communes d’apprentissage,
et identifie six facteurs qui entravent une mise en œuvre réussie.
Des questions clés relatives à la planification, des recommandations
claires à l’intention des bailleurs de fond et des chercheurs,
ainsi que des exemples de cas concrets complètent cette publication
clairement structurée et orientée vers l’application.
Source: Improving Impacts of Research
Partnerships. Daniel Maselli, Jon-Andri Lys, Jacqueline Schmid. Swiss
Commission for Research Partnerships with Developing Countries, KFPE.
Geographica Bernensia. Berne, 2004. 86 p.
www.kfpe.ch/key_activities/impact_study/index.html
Paraîtra prochainement en français.
L’équité, une condition à la gestion des forêts tropicales
La gestion des forêts gagne à intégrer le critère
social pour appréhender les conflits nés du passage d’une
forêt de subsistance à une forêt source de revenus,
ceci surtout en milieu tropical.
L’ouvrage cité présente plusieurs instruments de participation
sociale développés dans le cadre du programme «Population
locale, décentralisation et gestion collaborative adaptative
(ACM) des forêts». Il explique pourquoi et comment il est
indispensable de revoir la gestion des forêts et d’y intégrer
les différents segments de populations vivant en zone forestière,
notamment les femmes.
Ainsi, une des huit approches prometteuses pour les gestionnaires de
forêts est la pratique d’exercices de vision multi-acteurs qui
a eu cours en Bolivie. Elle consiste par exemple à demander à
chacun des groupes de la communauté (hommes âgés,
femmes, jeunes) d’imaginer et de dessiner comment il voit, dans cinq
ans, la gestion forestière fonctionner de manière optimale,
et les changements et adaptations requis à cet effet.
Pourtant, les difficultés de la répartition équitable
des bénéfices, l’ancrage profond des notions de pouvoir
et nonpouvoir, ainsi que l’interprétation culturelle des relations
de genre propre aux différents acteurs sont soulignées.
Source: The equitable forest: diversity,
community and resource
management. Ed. Carol J. Pierce Colfer. RFF Press, 2004.
Le partage du pouvoir : la cogestion des ressources naturelles
La cogestion concrétise un partenariat entre plusieurs acteurs
sociaux qui conviennent ensemble d’un partage équitable des fonctions
de gestion, des bénéfices et des responsabilités
concernant l’exploitation des ressources naturelles d’une région.
Les auteurs de cette publication entendent la cogestion dans un sens
très large. Sorte de système d’autodéfense, la
cogestion tient compte de la complexité des tâches liées
à l’exploitation des ressources naturelles, renforce l’efficacité
et l’efficience des projets, favorise le respect et l’égalité
entre partenaires. Pour mettre en place ce type de gestion et en faire
une institution sociale, il est crucial que tous les acteurs sociaux
soient impliqués et négocient ensemble. Le processus d’établissement
d’une cogestion demande du temps et s’articule en trois phases :
- la préparation (récolter des informations, nouer
le contact avec tous les partenaires sociaux ...) ;
- l’élaboration d’une convention commune et
- sa mise en oeuvre et son évaluation régulière.
Une cogestion pourra revêtir des formes très diverses
en fonction des conditions sociales, écologiques mais aussi
institutionnelles au niveau local.
Cet ouvrage contient des explications conceptuelles détaillées
et de nombreuses lignes directrices très utiles, basées
sur des années d’expérience. En témoignent les
multiples exemples de cogestion dans le monde entier. Sa lecture demande
du temps ; ce n’est pas un livre de recettes à feuilleter en
passant.
Source: Sharing Power: Learning-by-Doing
in Co-management of Natural
Resources throughout the World. G. Borrini-Feyerabend, M. Pimbert,
M. Taghi Farvar, A. Kothari, Y. Renard. IIED, IUCN/CEESO/CMWG, Cenest.
Teheran, 2004. 456 p.
www.iucn.org/themes/ceesp/Publications/sharingpower.htm

Les écosystèmes doivent devenir un élément
intrinsèque de l’infrastructure hydrique Un modèle
de calcul bioéconomique démontre que des investissements
dans l’exploitation durable d’une région humide au Bangladesh
permettraient à la fois d’augmenter la productivité du
sol et de prévenir la dégradation des ressources. Le gain
du projet, calculé à l’aide du modèle, s’est avéré
7,5 supérieur au rendement supposé de l’investissement.
Cet exemple traduit la prise de conscience accrue de la valeur des écosystèmes.
Mais il montre aussi que seule leur exploitation durable procure à
la population des services à long terme et peut donc être
rentable. L’évaluation économique des écosystèmes
et de leurs services peut être un instrument fort utile dans les
processus de planification et de décision. Un tel modèle
de calcul informe au sujet des pertes ou des gains induits par des projets
et permet aussi d’évaluer des mesures de conservation appropriées.
Cette publication s’adresse aussi bien aux praticiens qu’aux décideurs.
Elle donne une vue d’ensemble sur les différentes méthodes
d’évaluation et sur les possibilités de réinvestir
les résultats des évaluations dans des processus de décision.
Si les auteurs ne manquent pas d’aborder les limites de l’évaluation
économique, on pourrait néanmoins leur reprocher de ne
pas être assez critiques face à «l’économisation»
croissante.
Source: Value: Counting ecosystems as
water infrastructure. L. Emerton, E. Bos. IUCN. Gland, Switzerland and
Cambridge, UK. 2004. 88 p.
www.waterandnature.org/value/index.html
Paraîtra prochainement en espagnol et français.
La responsabilité de la politique locale face au changement climatique
En
Amérique latine, le défi majeur face au changement climatique
réside dans la conversion des décisions internationales
en politiques publiques internes. Les gouvernements locaux, qui sont
les plus proches du citoyen, sont en fait éloignés et
en décalage par rapport aux négociations internationales.
Inauguré lors de la Xème Conférence de l’ONU sur
le Changement Climatique (COP 10) à Buenos Aires en décembre
passé, ce guide, accompagné d’un glossaire très
utile, s’adresse avant tout à l’Amérique latine et aux
Caraïbes. C’est aussi dans cette réalité que les
constatations et propositions de l’ouvrage sont ancrées, se référant
à ce qui est entrepris ailleurs ou au niveau international. A
la suite du chapitre traitant du rôle des gouvernements locaux,
10 spécialistes latino-américains prennent position individuellement
sur l’une des opportunités (dans les domaines de l’énergie,
des transports, de l’usage du sol et des forêts…) que la politique
locale peut saisir en faveur de la mitigation du changement climatique.
Ces articles courts apportent un regard très riche par leur diversité,
leur multidisciplinarité et leur potentiel de concrétisation.
Source: Cambio climático y desarrollo
limpio: oportunidades para gobiernos locales. International Council
for Local Environmental Initiatives (ICLEI) – Local Governments for
Sustainability. 2004. 110 p.
www3.iclei.org/lacs/ccp/files/guiamdlespanhol.pdf
www3.iclei.org/lacs/ccp/files/guiamdlportugues.pdf

D'intérêt
courant: Recherche
Quelles sont les chances des ménages de se remettre de catastrophes
environnementales ?
Des catastrophes environnementales comme la famine en Ethiopie (1999
– 2000) et l’ouragan Mitch au Honduras (1998) ont des répercussions
économiques durables sur les ménages touchés et
leurs ressources. Ils perdent une partie de leur « capital »
(p. ex. leur terre, leurs animaux) et leur revenu baisse (p. ex. pas
de récolte). La capacité de se relever d’un tel choc sur
le plan économique dépend notamment du niveau de vie d’avant
la catastrophe et des possibilités de se procurer du travail
et un revenu sur le marché ou via des réseaux sociaux.
L’étude économique menée à long terme en
Ethiopie et au Honduras montre, à l’aide de modèles de
régression, que les stratégies pour surmonter les effets
des catastrophes varient d’une région à l’autre ainsi
que de la capacité de résistance des ménages. Dans
les deux pays, il existe néanmoins le danger que les ménages
pauvres, justement, ne s’enfoncent plus encore dans la pauvreté.
En conclusion, les auteurs recommandent de mettre en place des réseaux
sociaux, de promouvoir les sources de revenu non agricoles, de soutenir
les marchés agricoles et de développer les infrastructures,
ceci comme filet de sécurité pour les ménages pauvres.
Source: Shocks, Sensitivity and Resilience:
Tracking the Economic Impacts of Environmental Disaster on Assets in
Ethiopia and Honduras.
M.R. Carter, P. D. Little, T. Mogues, W. Negatu. 2004. 38 p.
www.sed.manchester.ac.uk/idpm/research/events/
february2005/documents/Carter.pdf
Plantes génétiquement modifiées dans les pays en développement
Dans différents pays en développement, on fait de la
recherche avec des plantes de culture génétiquement modifiées.
Une nouvelle étude a sondé 62 institutions totalisant
201 projets avec 43 plantes différentes. Plus de la moitié
de ces projets ont pour objectif d’augmenter la résistance des
plantes à l’égard de virus ou d’insectes.
Les auteurs de l’étude tirent pour l’essentiel deux conclusions:
- les pays en développement font essentiellement de la recherche
publique avec des ressources génétiques disponibles
au niveau local et accessibles à tous. Les paysans accepteraient
sans doute mieux les semences provenant de projets de recherche locaux
et pourraient également les faire proliférer, dès
lors qu’aucun brevet n’yferait entrave.
- Du laboratoire aux applications, le parcours est semé d’embûches.
Il manque surtout le savoir faire et les ressources pour mettre en place
et remplir les exigences légales de sécurité.
Mais qu’en est-il de l’opportunité d’introduire des plantes
génétiquement modifiées ? Les auteurs de l’étude
ne posent pas cette question fondamentale. Une conférence donnée
par le ministre de l’agriculture de Zambie montre bien que les gouvernements
des pays en développement ont des réticences à
cet égard, plus spécialement pour des raisons de sécurité
pour l’homme et l’environnement.Sources:
> Poorer nations turn to publicly developed GM crops.
Joel I. Cohen. In: Nature Biotechnology, Vol. 23, No 1, January 2005.
p.27–33.
www.ifpri.org/media/biotech20050106.htm
> Genetically modified food as food aid – the case of Zambia. Hon
Mundia Sikatana (Zambian Minister of Agriculture). Contribution au Symposium
« Introduction d’OGM dans l’agriculture – chronique d’un désastre
annoncé ? » Berne, Suisse, 10 février 2005.
www.swissaid.ch/politik/f/documents/symposium_doku_000.pdf
p.6–7
Burkina Faso : augmenter la production agricole pour le marché indigène
Plus
d’un tiers des producteurs dans trois différentes régions
agroécologiques au Burkina Faso pratique la vente et les échanges
commerciaux de produits alimentaires à côté de l’économie
de subsistance. Tel est le constat d’un projet de recherche mené
conjointement par l’université de Ouagadougou et la Haute Ecole
suisse d’Agronomie. L’étude de cas a examiné les ventes
alimentaires et le comportement des marchés locaux. Il ressort
de l’analyse de la filière que le riz décortiqué
importé est presque aussi avantageux que la farine de céréales
locales. L’étude établit aussi que la production de denrées
alimentaires rapporte trois fois plus que la production de coton, par
exemple. Sur la base de ces constats, des propositions sont faites pour
réorienter la politique agricole du Burkina Faso. Les auteurs
préconisent notamment la mise en place d’un système national
de crédit agricole à l’investissement, en tant qu’élément
nécessaire pour augmenter la croissance de la production agricole
et le revenu des paysans. Selon eux, il faudrait absolument que le Burkina
Faso développe, à côté de la production agricole
d’exportation, sa production agricole pour le marché interne
et son secteur agroindustriel, le cas échéant avec une
protection mesurée du marché contre les importations subventionnées.
Ainsi, l’économie agricole burkinabée reposerait sur deux
piliers égaux.
Source: Commercialisation vivrière
paysanne, marchés urbains
et options politiques au Burkina Faso. Rapport final de synthèse.
Gil Ducommun, Hugo Cecchini, Sylvestre Ouedraogo et Abdoulaye
Bengaly. HESA / CEDRES. 2005. 104 p.
http://old.shl.bfh.ch/fed/docs/Rapport_Final_Synth%E8se_TASIM-AO.pdf
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